Un article de Nicolas Da Silva
Le gouvernement de François Bayrou souhaite augmenter la contribution des malades au financement des dépenses de santé et ainsi économiser près de 2 milliards d’euros l’année prochaine. Pour cela, trois moyens sont envisagés en réformant le fonctionnement des franchises médicales et participations forfaitaires.
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Une réforme budgétaire sans égard pour la santé de la population
La réforme s’inscrit donc très clairement dans la thématique de la « responsabilisation des malades ». Il s’agit d’activer le signal prix pour modifier les comportements. Le refrain est bien connu : la santé n’a pas de prix, mais elle a un coût que chacun doit supporter afin de ne pas abuser de la générosité du système de santé public.
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Payer nuit gravement à la santé
La littérature académique a démontré depuis longtemps que plus les patients doivent payer leurs soins, plus ils ont tendance à renoncer à se soigner pour des raisons financières. Ce renoncement n’est pas indolore puisqu’il se traduit plus tard par une dégradation de l’état de santé. Autrement dit, « payer nuit gravement à la santé ».
Ce type de réforme accélère le délitement du lien social. Les patients ne sont pourtant pas responsables de leur état de santé, ni des dépenses afférentes. Les soins remboursés sont prescrits par un professionnel. La focalisation sur les comportements individuels, présumés abusifs, occulte les vraies raisons de la situation financière du système de santé.
La politique des caisses vides coûte très cher (près de 100 milliards d’euros par an d’exonération et d’exemption de cotisations sociales). La revalorisation des rémunérations à l’hôpital avec le Ségur de la santé coûte chaque année 13 milliards d’euros, et n’a jamais été financée par des ressources nouvelles. De façon très cynique, tout se passe comme si les économies sur les droits des patients servaient à financer les hausses des rémunérations des professionnels.
Le débat sans cesse esquivé porte sur l’augmentation des besoins, dans un contexte où la population vieillit et où les conséquences du Covid-19 se font encore sentir. Une façon correcte de poser le débat serait de demander si ces nouveaux besoins doivent être financés, et si oui, comment : par le public ou le privé ?