Une réalité dans notre établissement : un nouvel exemple avec NÉO !
NÉO : l’intelligence artificielle au “service” des agents de France Travail ?
NÉO repose sur l’IA générative, c’est-à-dire une technologie produisant du contenu – suggestions, synthèses, brouillons de courriels – en utilisant les données disponibles dans tout l’écosystème numérique de France Travail. Il est connecté à MAP et permet de consulter les profils des demandeurs d’emploi, leurs diagnostics, les comptes rendus d’entretien et à terme les échanges de mails via la plateforme CVM. Il pourrait même remplacer MAP. Selon la direction, l’outil ne se substitue pas au conseiller. Il est présenté comme un « assistant intelligent », un appui au conseiller.
Après une première expérimentation, le déploiement progressif :
Depuis octobre 2024, une version minimaliste de l’outil (appelée MVP) est testée en Centre-Val de Loire et à La Réunion. Les premiers retours d’expérience ayant été jugés comme d’habitude favorables par la direction, une extension à quatre régions est opérationnelle depuis avril 2025, avec une intégration plus complète à MAP et à CVM. Bien entendu la direction générale envisage une généralisation à d’autres métiers ou profils, comme les conseillers entreprises ou les agents GDD.
Une technologie soi-disant sécurisée, mais avec ses zones d’ombre :
L’outil NÉO s’appuie sur l’environnement Microsoft. D’après la direction générale les données ne sont ni stockées ni utilisées pour entraîner d’autres modèles d’IA… Une migration vers Mistral AI, entreprise française est envisagée, dans une optique de souveraineté technologique. Plusieurs questions restent en suspens : quelle gouvernance pour l’IA à France Travail ? Quels critères d’évaluation ? Quelle place pour les élus du CSEC dans le suivi des usages ?
Au-delà des intentions affichées la FSU Emploi a soulevé plusieurs points de vigilance.
LES ALERTES DE LA FSU EMPLOI
- La différence d’appétence entre agents vis-à-vis de l’IA et des outils numériques pose la question d’une fracture générationnelle ou culturelle dans les usages, avec un risque de polarisation des pratiques professionnelles.
- NÉO est présenté comme un outil facultatif mais jusqu’à quand le restera-t-il ?
- Le taux d’usage pourrait-il devenir un indicateur de performance et ne risque-t-on pas de valoriser les agents utilisateurs au détriment de ceux qui ne s’y retrouvent pas ?
- Devons-nous craindre une mise à disposition de l’outil aux demandeurs d’emploi, sous forme de « chatbot » intégré au futur SI-Plateforme (cela existe déjà dans d’autres administrations).
- Le risque d’une vision techno solutionniste, qui masque les causes profondes des dysfonctionnements (empilement d’outils, charge administrative).
- L’absence à ce jour d’un accord d’encadrement de l’IA, malgré les expérimentations en cours.
- Aucune analyse ni aucun travail sur les impacts potentiels sur les métiers : transformation des pratiques et les risques de standardisation de l’accompagnement.
- Une gouvernance encore floue, notamment sur le rôle des comités éthique interne et externe et la place accordée au dialogue social qui doit impérativement être repensé dans le cadre des projets impliquant l’IA.
NÉO représente une étape importante pour les outils mis à disposition par France Travail. Présenté comme un appui technique pour soulager les conseillers, il soulève aussi des enjeux fondamentaux sur les métiers, l’éthique, le dialogue social, la gouvernance, la protection des données et bien entendu l'enjeu écologique que l'IA représente.
Pour la FSU Emploi l’enjeu est clair : NÉO doit rester un outil facultatif au service de l’humain et non l’inverse. Nous avons noté lors des débats que le mix MatchFT et NÉO pourrait potentiellement remplacer certaines activités des conseillers…
Voir également l'article du Modes d'emplois 89 : Intelligence Artificielle : une accélération de plus en plus folle.